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19 juin 2008

Sa Ding Ding. La Björk mongole à la conquête de l’Occident

Par Élisabeth Stoudmann pour l'Hebdo (Suisse)


Avec ses chants en sanskrit sur fond de musique électronique, la chanteuse chinoise d’origine mongole Sa Ding Ding frappe haut et fort avec «Alive», son premier disque disponible en Europe.

Ian Ashbridge, audacieux producteur de world music anglais, peut se frotter les mains: l’actualité chinoise lui donne un sacré coup de pouce pour diffuser la pop ethnique de Sa Ding Ding, une chanteuse chinoise jusque-là totalement inconnue dans nos contrées. D’origine mongole, proche des minorités chinoises, Sa Ding Ding est une star en son pays où son dernier disque Alive s’est vendu à deux millions d’exemplaires. En pleine polémique sur le Tibet et les Jeux olympiques, elle s’est déplacée à Londres pour recevoir un BBC Music Award et y donner pas moins de quarante interviews. Sa Ding Ding sera-t-elle la première pop star chinoise à séduire le marché occidental? Tous les ingrédients sont réunis.

Robes maison. Les journalistes d’outre-Manche se sont empressés de la surnommer la Björk chinoise. Une comparaison qui se justifie. Comme sa consœur islandaise, Sa Ding Ding possède une voix très particulière, inclassable. Comme elle, elle se lance dans une carrière précoce et s’exporte en Occident en emportant avec elle l’amour des grands espaces et des terres sauvages. Comme elle encore, elle adore le kitsch, la pop électronique et se confectionne sa garde-robe elle-même. Depuis que son CD est sorti en Angleterre, le 9 avril, 15000 copies ont été écoulées, et Ian Ashbridge avoue des ambitions s’élevant à 50000 exemplaires, puisque Alive ne sera distribué en France et aux Etats-Unis qu’à la fin du mois de juillet.

Nomade jusqu’à 6 ans. «J’ai grandi en terre nomade, là où les hommes chantent pour tous ceux qu’ils aiment: parents, enfants et même animaux», expliquait Sa Ding Ding récemment au critique anglais Robin Denselow. Née en Mongolie où elle mène une vie de nomade avec sa grand-mère jusqu’à l’âge de 6 ans, Sa Ding Ding a aujourd’hui créé sa propre langue en se remémorant la façon dont cette dernière lui parlait, bébé. Les autres langues qu’elle utilise dans ses morceaux étant le sanskrit, le mandarin et le tibétain. Déménageant plusieurs fois lorsqu’elle retourne vivre avec ses parents en Chine, Sa Ding Ding continue sa vie de nomade, en version moderne. Elle atterrit à Pékin en 2001 où elle fait paraître un premier album de pop-dance à 18 ans: un succès.

Ce qui lui permet d’affiner sa démarche. S’intéressant au bouddhisme, à la méditation, étudiant la musique électronique comme la cithare chinoise, elle développe une mixture inédite et entêtante. Instruments à cordes traditionnels et boucles électroniques se mêlent harmonieusement à sa voix enfantine. Une approche pour le moins différente et nettement plus commerciale que celle de Yungchen Lamo, la grande chanteuse tibétaine à la voix gutturale, qui tourne en Europe depuis 1994 et dont les disques paraissent sur le prestigieux label Realworld de Peter Gabriel.

Réalité différente. La belle s’affirme représentative d’une nouvelle génération d’artistes ayant désormais accès aux musiques occidentales et est prête à utiliser toutes les armes à sa disposition – son charme exotique, son goût pour le clinquant – pour tenter son grand écart culturel. Reste à espérer que cette démarche ne focalise pas sur elle une fascination superficielle. Sa trajectoire hors norme, sa personnalité artistique et son album méritent beaucoup mieux.

Forcément confrontée par la presse occidentale à se positionner sur la question du Tibet, Sa Ding Ding défend le particularisme du Tibet, mais pas ses velléités indépendantistes. Sa Ding Ding s’y est d’ailleurs rendue pour apprendre certaines techniques de chant traditionnel. La chanteuse n’aime pas être confrontée aux questions politiques. Elle préfère se considérer comme une ambassadrice des cultures minoritaires en Chine. A l’intérieur comme à l’extérieur de son pays, elle cherche à faire passer leur enseignement, leur force. Ses mantras, son défrichage de nouveaux territoires sonores et musicaux permettent dans tous les cas d’entrapercevoir une réalité chinoise fort différente de celle qui fait si peur à l’Occident.

A Consulter: www.sadingding.co.uk

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