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28 juin 2007

Angélique Kidjo : femme de feu

Lauréate du prix Antonio Carlos Jobim, la Béninoise Angélique Kidjo est une battante dont le feu et l'opiniâtreté sont aujourd'hui récompensés par le 28 e Festival International de jazz de Montréal. Cette escale au Spectrum à l'aube du méga happening musical (jeudi, 18h) est l'occasion de célébrer cette artiste de culture panafricaine qui s'est toujours appliquée à intégrer la pop mondiale moderne à son riche patrimoine.

En Occident cette boule d'énergie est devenue l'une des figures les plus connues de ce genre pluriel qu'on nomme «musiques du monde». Elle ne cesse de ratisser le monde et conquérir de nouveaux auditoires. Car Angélique Kidjo, pour l'avoir interviewé à plusieurs reprises, est une authentique conquérante. En Afrique? Selon ses dires, elle fait les plus grandes salles lorsqu'elle ne remplit pas les stades.

«Ça fait peur même! Les policiers qui y font régner l'ordre me demandent les autographes. Faites votre boulot, je leur dis. Oui, on le fera, mais signez d'abord, qu'ils répondent! (rires) Lorsque je rentre chez moi, au Bénin, je ne me repose jamais. J'ai la pression! Il m'a déjà fallu me disputer avec des gardes du corps prêtés par le gouvernement pour qu'ils ne soient pas armés à mes côtés! Récemment, j'ai chanté dans plusieurs pays d'Afrique de l'Est. Lorsque je suis en Afrique, je m'efforce aussi d'y rencontrer les jeunes afin d'en saisir les sensibilités.»

Djin Djin, son plus récent album réalisé par l'éminent Tony Visconti, rassemble des pointures telles Carlos Santana, Peter Gabriel, le tandem malien Amadou et Mariam, la jeune chanteuse soul Josh Stone, le reggaeman Ziggy Marley (fils émérite de feu Bob) ou même le saxophoniste vedette Branford Marsalis. Joli réseau de contacts!

Carlos Santana, guitar hero s'il en est, n'en est pas à sa première collaboration avec la Béninoise qui réside en France depuis les années 80 - mère de famille, elle est mariée avec le bassiste Jean Hébrail. «J'avais connu Carlos alors que j'enregistrais sur Island. Chris Blackwell (le propriétaire du label) lui avait donné un de mes disques après quoi il m'avait offert de faire ses premières parties.»

Angélique Kidjo, par ailleurs, avait fait la connaissance de Peter Gabriel à l'époque de son merveilleux album So. «J'avais assisté à son spectacle au Zénith de Paris, il m'avait ensuite suggéré de monter sur scène avec lui pour entonner Shaking The Tree. Il y a un an et demi, j'étais en pleine écriture, je lui ai proposé un duo. Il m'a répondu que la chanson devait d'abord l'inspirer. Alors je lui ai fait plusieurs suggestions et il a choisi Salala Et Salala, vous vous en doutez bien, s'avère la meilleure chanson de Djin Djin...

Notre ubiquiste a aussi trouvé le moyen d'attirer Ziggy Marley dans sa toile!

«Sa mère (Rita Marley) et lui m'ont approché pour les 60 ans de l'anniversaire de son père (feu Bob), nous sommes allés ensemble en Éthiopie. Je l'avais préalablement connu quand j'avais enregistré Oyaya! à Los Angeles; il était en train d'enregistrer à côté de moi alors que j'étais en train de faire un ska à la latino. Toi tu es folle! m'avait-il dit alors. C'est comme ça qu'on est devenus potes.»
On comprendra le pouvoir attractif d'Angélique Kidjo, qu'elle exercera une fois de plus aujourd'hui. Le prix Jobim devrait sûrement constituer une motivation supplémentaire en ce sens: «Ça me fait grand plaisir que les gens du métier reconnaissent mon travail car je l'ai accompli en tentant d'expliquer au monde l'universalité de la musique. Ce prix-là me mène à croire que le message a réussi à passer.»

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