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07 mai 2007

Angélique Kidjo /«Le micro, c'est mon arme»

«Le micro, c'est mon arme»


Angélique Kidjo revient avec «Djin Djin», un album détonnant aux invités prestigieux

«La quête du pouvoir à tout prix met en danger cette fragilité humaine qui peut s'exprimer par la musique et par les arts» s'exclame Angélique Kidjo,

Peter Gabriel, Joss Stone, Alicia Keys, Carlos Santana, Ziggy Marley, la liste est longue des invités de renom sur «Djinn Djinn», le nouvel album audacieux d'Angélique Kidjo. Audacieux car la chanteuse béninoise, qui ne s'en laisse pas compter, ne se contente pas de donner une part d'africanité à ces grandes voix, elle tend un pont entre l'Afrique et la musique classique en interprétant «Le boléro» de Ravel a cappella. Rencontre avec une femme bouillonnante, qui sera très bientôt en concert aux Docks à Lausanne.

Vous avez invité des stars sur votre album, quel est leur point commun?
L'Afrique, c'est l'Afrique partout! Ecoutez la voix de Joss Stone, fermez les yeux et dites-moi si elle n'a pas une voix noire, une âme noire. Tout le monde a une âme noire. L'Afrique est le berceau de l'humanité, tout le monde a dans son génome quelque chose de l'Afrique. Les musiciens africains, on nous catégorise, ça réconforte, ça donne du pouvoir, mais pourquoi on a besoin de pouvoir? C'est le problème de l'humanité. La quête du pouvoir à tout prix met en danger cette fragilité humaine qui peut s'exprimer par la musique et par les arts.

Mais vous êtes toujours là pour décloisonner les choses, non?
Moi je refuse d'être mise dans une camisole de force. Je ne peux pas accepter ça puisque mes parents, quand j'étais gamine, m'ont dit «Le monde t'appartient, l'émotion est universelle». J'ai commencé gamine à me dire qu'il n'y avait qu'une planète, qu'une humanité.

Finalement, vous êtes devenue l'avocate que vous vous rêviez enfant...
Oui, avec mon micro que j'appelle mon arme d'amour massif. Je reçois tellement d'amour avec ma musique, le public, c'est un partage.
Vous faites une reprise de «Gimme Shelter» des Rolling Stones, pourquoi ce choix?
Parce que le texte de cette chanson est toujours d'actualité. On parle de plus en plus d'immigration mais si les pays riches veulent vraiment arrêter l'immigration, ils n'ont qu'à arrêter de financer la corruption qui existe en Afrique. Aucun pays d'Afrique n'a encore eu la chance de se gérer lui-même et d'apprendre de ses erreurs. On a tous été maintenus sous tutelle économique. On refuse à des êtres humains d'avoir une vie digne, on se sert de nous pour des discours politiques. Si des musiciens anglais le disaient déjà dans les années 60, c'est qu'il y a un problème.

Vous n'avez jamais voulu faire de la politique?
Jamais de la vie! Faire de la politique aujourd'hui n'a plus aucun sens.

Le titre «Pearls» parle des femmes, vous pensez toujours que la femme est l'avenir de l'homme?
Si je ne pensais pas ça, il n'y aurait pas d'humanité. Les hommes font tout pour que la femme ne soit pas leur égale, pour la rabaisser, pour se sentir forts. Un homme sûr et bien dans sa peau n'a pas besoin de ça pour avoir une partenaire digne de ce nom à ses côtés. La femme a autant de droits que l'homme et celui qui ne respecte pas sa meilleure moitié n'est pas un homme. S'il n'a pas besoin d'une femme qui a une tête, qui peut parler, être en désaccord avec lui et bien qu'il mette un chien dans son lit!

D'où vient votre personnalité très forte?
Des femmes qui m'ont élevée, des femmes indépendantes, mariées mais qui ne se sont jamais laissées marcher sur les pieds. C'est possible.

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