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22 avril 2007

Retour aux sources pour Angelique Kidjo

Avec Djin Djin, Angelique Kidjo revient à ses sources.

La chanteuse et compositrice aux nombreuses récompenses a démarré sa carrière dans le village de Cotonou, au Bénin, à l’âge de six ans. Les troubles politiques dans son pays l’ont amenée à s’installer à Paris puis à New York où elle réside aujourd’hui. Sa voix impressionante, sa présence scénique et sa faculté d’adaptation aux différentes langues et cultures lui ont valu d’être respectée par ses pairs et reconnue dans le monde entier. La passion qui habite les textes de ses chansons a également été remarquée par de nombreuses associations humanitaires auxquelles son nom est associé depuis longtemps.

Angelique Kidjo a parcouru le monde et fasciné le public. Elle parle régulièrement au nom des enfants en tant qu’ambassadrice de l’UNICEF. Avec Djin Djin, qui marque un retour à ses racines musicales, elle boucle la boucle en amenant de nombreux artistes internationaux dans l’univers musical de son pays d’origine.

Enfant, Kidjo était fascinée par les couvertures iconiques des albums de Jimi Hendrix, qui l’ont amenée à remonter aux racines africaines de la musique à partir des USA, du Brésil et des Antilles. En ont résulté trois disques nominés aux Grammy Awards, Oremi, Black Ivory Soul et Oyaya. Sur Djin Djin, elle revient à l’âme du Bénin et, pour la première fois, collabore avec des invités prestigieux dans un mariage de cultures qui résonne bien au-delà de la musique. Inspiré par les traditions et la culture du Bénin, en Afrique de l’Ouest, le titre de l’album fait référence à la sonorité des cloches qu’on fait tinter pour y accueillir une nouvelle journée.

La diversité incarnée par des artistes tels que Peter Gabriel, Alicia Keys, Josh Groban, Carlos Santana, Joss Stone, Branford Marsalis ou le producteur Tony Visconti, en dit long sur ce projet : malgré toutes les différences qui caractérisent la musique de notre temps, l’Afrique y coule au milieu, telle une rivière.

L’idée a été de construire Djin Djin sur des fondations béninoises. Le pouls est donné par les percussionnistes Crespin Kpitiki et Benoit Avihoue, deux membres du Gangbé Brass Band. Les détails de l’héritage rythmique de leur pays, parfois spécifique d’un village, nourrissent la pulsation qui fait battre tout l’album.

Pour étayer le concept de Djin Djin, Angelique Kidjo a fait appel au batteur Poogie Bell, réputé pour son travail avec Erykah Badu et Chaka Khan, au claviériste funk Amp Fiddler (Prince, George Clinton), au multi-instrumentiste Larry Campbell (Bob Dylan, Emmylou Harris, Paul Simon), au géant de la basse sénégalaise Habib Faye (Youssou N’Dour), aux guitaristes Lionel Loueke (Herbie Hancock), Romero Lubambo (Diane Krall, Dianne Reeves) et Joao Mota (originaire de Guinée Bissau), ainsi qu’au maître de la kora, Mamadou Diabate.

Tous ces instrumentistes sont des virtuoses mais surtout, ils étaient prêts à prendre des risques artistiques: «Il était important que tous m’accompagnent dans ce retour aux sources, précise Angelique Kidjo. Je n’ai jamais renié mes racines parce que je sais d’où je viens et j’ai appris que, pour être en mesure de donner à travers la musique, il fallait savoir se positionner parmi d’autres individus issus de cultures différentes, puis trouver des façons de découvrir que, finalement, nous ne sommes pas différents du tout.»

Depuis le début de sa carrière, Angelique Kidjo a beaucoup chanté en français et en anglais mais elle a estimé que, pour Djin Djin, elle devait s’exprimer dans les langues du Bénin, du Nigeria et du Togo. La chanson-titre est là pour rappeler que tous les petits moments éphémères de la vie doivent être vécus aussi intensément que possible. Ses chansons embrassent les joies et les peines de l’existence: la magie de la naissance (Salala), le caractère unique de chaque personne sur cette planète bondée (Arouna), la tentation de la violence (Mama Golo Papa), le potentiel vulnéraire et éducatif de la musique (Awan N’La), les leçons apprises au fur et à mesure que la jeunesse s’enfuie (Sedjedo), et l’isolement rendu plus intense par la société moderne (Emma).

Mais Angelique Kidjo ne mâche pas ses mots lorsqu’elle s’adresse à la bourgeoisie victime de son amour de l’argent (Senamou, qui signifie «c’est l’amour»). Elle rêve également d’un jour où quitter l’Afrique pour faire fortune loin de chez eux ne sera pas l’unique solution d’avenir pour la plupart des jeunes désespérés (AE AE). Dans sa reprise de Pearls, de Sade, elle loue le courage des femmes qui, bien que fortes, sont réprimées et incapables d’échapper à leur destin douloureux. Dans une autre reprise, un arrangement a cappella génial du nommé Bolero de RavelLonlon, elle met en lumière le pont qui s’étire de la musique classique européenne à la source de l’Afrique du Nord. Enfin, Angelique Kidjo transforme Gimme Shelter, le standard des Rolling Stones, en une performance internationale exubérante aux allures de mise en garde. «Cette chanson signifie énormément pour moi, dit-elle. Regardez ce qui se passe: le feu brûle dans nos rues. Des terroristes, au nom de Dieu, viennent pour détruire ce pourquoi on a travaillé. Si on ne donne pas un abri aux gens qui en ont le plus besoin, si on ne les considère pas comme nos propres frères et sœurs, quel espoir reste-t-il ?»

La participation de stars internationales illumine l’ambitieux concept d’Angelique Kidjo. En allouant une place, au sein de ce bouillon de cultures africaine et occidentale, à chacun de ces talents spécifiques, Djin Djin célèbre la beauté et la diversité des influences qui émaillent sa musique. Parmi ces géants, on trouve Peter Gabriel sur Salala («Il a tellement fait pour la musique africaine, qu’on peut affirmer qu’il y a quelque chose de très africain en lui»), Alicia Keys sur Djin Djin («Lorsqu’elle a entendu les batteries béninoises en studio, elle a dit: “Wow, c’est du hip-hop!” Elle a vite compris l’esprit et a chanté merveilleusement»), Joss Stone sur Gimme Shelter («Nous sommes amies, et quand je lui ai fait entendre ce qu’on faisait en studio, elle a insisté pour participer au projet et je suis ravie que ça ait pu se faire»), Josh Groban sur Pearls («Il chante sans effort apparent et pourtant ce n’est pas évident à un tel niveau de virtuosité»), Ziggy Marley sur Sedjedo («Il comprend si bien les connections entre la musique jamaïquaine et les rythmes africains, spécialement le rythme gogbahoun de mon village»), Carlos Santana sur Pearls («Ce n’est pas seulement un guitariste: avec son instrument, il chante, danse, swingue, pleure et il a un grand respect pour l’Afrique»), Branford Marsalis sur Djin Djin («C’est mon frère! Lorsqu’il joue, on ne sait jamais ce qu’on va entendre et où ses idées merveilleuses vont emmener la musique»), et Amadou et Mariam sur Senamou («On est amis depuis si longtemps, ça a été une bénédiction que de les avoir sur ce disque»).

Le producteur Tony Visconti (David Bowie, T.Rex, Morrissey) a amplement contribué à donner toute leur dimension aux chansons de Djin Djin. Enregistré aux studios Electric Lady à New York, l’album ambitionne de rassembler et de libérer ceux qui l’ont conçu et l’écouteront. «À la fin de l’enregistrement, nous étions tous très tristes car, après deux semaines, nous sommes devenus une famille, tient à préciser Angelique Kidjo. La musique nous rassemble mais lorsqu’elle est terminée, on n’a plus qu’à rentrer chez soi. Mais on peut être fier de qui on est. Qu’on soit né en Afrique ou en Amérique, on se doit de célébrer la vie.»

L’argument d’Angelique Kidjo est simple et profond: Djin Djin ne marque que le début de cette célébration. Elle durera ensuite aussi longtemps que vous le souhaitez.

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