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20 octobre 2005

Jorane, en parfaite harmonie

Premier contact avec Jorane : Festival d'été 1998, Café des arts. Encore inconnue, la jeune femme inscrite à la programmation Vol de nuit envoûtait de son archet magique tous les noctambules réunis.

Quelques années et réussites plus tard, elle nous revenait hier, au Petit Champlain, pour la première d'un spectacle intime rappelant étrangement la chaleureuse rencontre de l'époque. Si, depuis, l'étonnement a laissé la place à l'admiration, le coup de cœur, lui, est demeuré le même.

En apparence, la Jorane qui s'est présentée au public de Québec, hier, les pommettes roses et l'œil pétillant, n'a pas beaucoup changé en sept ans : même sourire dévastateur, même exubérance, même brûlante passion pour son inséparable violoncelle.

Force est toutefois de constater que la jeune fille un peu brouillonne de l'époque qui, sur scène, n'avait pas encore maîtrisé l'art de l'intervention entre les chansons, n'est plus qu'un vain souvenir.

Car c'est à une artiste de scène aguerrie, cumulant cinq nominations en vue du prochain gala de l'ADISQ, à laquelle on a eu droit, hier. Avec toute l'assurance, le savoir-faire et la liberté que l'expérience et le succès peuvent apporter. Elle avait tout ça, hier, Jorane, et peut-être plus. Question de confiance en ses moyens, probablement.

Il en faut pour assurer soi-même sa première partie en proposant une pièce improvisée d'une bonne vingtaine de minutes se concluant sur Pour Gabrielle, magnifique mélodie tirée du non moins magnifique album 16 mm (2000). Un coup digne de la grande séduction, qui a littéralement subjugué un public attentif et complice.

Cette entrée en matière réussie, inspirée de l'événement Riopelle auquel Jorane a pris part au Musée national des beaux-arts du Québec en septembre 2002, a également eu l'heur de mettre en lumière l'évolution qu'a connue la démarche artistique de l'artiste en quelques années à peine.

Partie de la chanson à la limite réaliste (Vent fou), Jorane a plongé tête baissée dans sa période bleue (16 mm), avant de finalement reprendre contact avec une réalité plus... concrète, se frottant néanmoins constamment avec le cinéma (Évapore, The You and the Now).

En compagnie du guitariste Jean-François Beaudet (lap steel, acoustique, effets), elle a refait, sous des éclairages soignés, le même trajet à travers le temps, hier. Chorégraphiant avec adresse une danse captivante entre sa voix aérienne empreinte de féminité et son violoncelle, plus viril, avec ses sonorités graves et sombres, elle a revisité ses premières créations comme la débridée Vent fou, servie façon Led Zeppelin hier, et la charmante Dit-elle, parfait « au revoir » au rappel, mais aussi ses titres les plus récents comme l'excellente Stay, probablement l'une de ses meilleures compositions à ce jour.

Faisant corps avec son instrument, elle ne s'en est détachée qu'à une occasion, le temps de livrer trois chansons à la guitare, dont la magnifique Pour ton sourire, le « cadeau de Daniel Lanois », et une reprise de Sinéad O'Connor, Black Boys.

En fin de parcours, la communion était totale entre le public et l'artiste. Tant et si bien que c'est ensemble qu'ils ont interprété les dernières lignes chantées du spectacle. En parfaite harmonie.
Kathleen Lavoie
Le Soleil
Québec

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