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07 juillet 2005

Batteur né

Photo: Gilda Hémon

7 juillet 2005

Manu Katché

Ralph Boncy

Manu Katché: "Je suis tout sauf un sideman frustré!"

Manu Katché, le batteur le plus précis et le plus recherché des temps modernes, a travaillé avec Sting, Peter Gabriel, Dire Straits, Francis Cabrel. Entouré d'un énigmatique quartette jazz, il présente un projet baptisé Tendances.

Lorsqu'on obtient une entrevue par téléphone avec un artiste qui doit se rendre prochainement à Montréal pour un concert important, il n'est pas rare que celui-ci vante exagérément les vertus de notre ville, question, dirait-on, de flatter le lecteur dans le sens du poil... Dans le cas de Manu Katché, c'est légèrement différent.

Le batteur branché ne se contente pas de lâcher "Ouais, Montréal, c'est cool", il devient même assez sérieux à ce sujet. "C'était à un point où je voulais m'installer là-bas pour de bon. J'y suis même carrément déménagé au début des années 90. C'était à l'époque où je travaillais avec Peter Gabriel sur la tournée signée Robert Lepage. J'ai vécu au Québec pendant plus d'un an et demi."

La dernière fois que j'ai vu Katché ici, c'était avec Sting, en juillet 2000, sur la tournée Brand New Day. Mais il affirme être revenu récemment pour le Drumfest et avoir vraiment pris son pied. Avec Sting, il a aussi enregistré ce live All This Time, le 11 septembre 2001. Il me raconte l'ambiance terrible, ce soir-là, en compagnie du contrebassiste Christian McBride et des choristes américaines. En fait, Manu a des histoires plein la besace. Une collection de tours du monde, des collaborations mémorables... et quelques projets personnels, pour se faire plaisir: "À un moment donné, j'ai voulu chanter. J'ai enregistré mon album solo, j'en ai vendu 60 000 copies. Voilà, j'étais content."

C'était l'album It's About Time, il y a 12 ans. Un peu plus tard, un autre projet plus lucratif: la musique du film Un Indien dans la ville cartonne en France. Dans le trio KOD, le K, c'est Katché. Comme dit la rengaine: "Chacun sa route, chacun son chemin. Passe le message à ton voisin."

"Les années rock ont laissé comme image du batteur la caricature d'un gars en short qui martèle le rythme le plus basique comme un forcené. Je suis de l'école des batteurs plus mélodiques."

Et pour cause! Papa ivoirien chanteur de gospel, maman française de famille musicale, Manu a débuté au piano à sept ans, a pratiqué la danse classique lorsqu'il était enfant et est rentré très jeune au Conservatoire National Supérieur à Paris dont il ressortira avec un premier prix en percussion, avec aussi ce règne absolu sur les cymbales qui fera sa réputation.

Le batteur à la casquette à l'envers s'exprime maintenant dans un quartette instrumental français avec trompette, contrebasse et piano. Les titres positifs qu'on peut écouter sur son site Internet s'appellent So Groovy, New World, Good Influence et aussi Miles Away, qui n'est pas sans rappeler la période Miles avec le funky Marcus Miller.

Son gérant n'a pas voulu autoriser qu'on nous en remette la moindre copie à l'avance mais l'album Neighborhood de Manu Katché est bel et bien prévu pour cet été. On y retrouve le prodigieux saxophoniste norvégien Jan Garbarek, et deux musiciens polonais. "Un vrai projet jazz avec solo de batterie, plaisante Manu. Une musique de climat avec une attitude très black, ce qui est rare chez ECM, l'étiquette nordique par excellence. Il y a des relents d'Afrique et une attitude, une rythmique dans mon travail."

Car parmi les 200 albums indispensables que Katché a ponctués de sa présence, il y a ceux dont on parle moins. Comme les cinq qu'il a faits avec Garbarek, jusqu'au dernier de la série, le très atmosphérique In Praise of Dreams qui était en nomination pour un Grammy en 2005. À ces occasions, Manu s'est naturellement lié d'amitié avec Manfred Eicher, le patron du label. D'où ce projet qui éclot à son rythme, comme à point nommé...

"On ne sait jamais vraiment à l'avance le bon moment de prendre un virage comme celui-ci, dit le batteur, intuitif. Ce n'est même pas que je voulais faire un ego trip ou endosser absolument la position de leader car je suis tout sauf un sideman frustré! J'ai énormément reçu de ces gens extraordinaires que j'ai accompagnés. En plus, ils étaient des bourreaux de travail, la plupart du temps. Il fallait donc que je redonne un peu de tout ce que j'avais emmagasiné."

Le 7 juillet Au Spectrum

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